How High the Moon est une chanson écrite par Morgan Lewis (1906-1968) (musique) et Nancy Hamilton (paroles) en 1940. Art Tatum l’a enregistrée en solo le 29 septembre 1949 pour Capitol Records. La chanson a été interprétée par Les Paul et Mary Ford en 1951, par Art Pepper en 1952 (Complete Surf Club Sessions). Il est aussi chanté par Ella Fitzgerald, entre autres à son concert de Berlin en 1960. Les morceaux « Ornithology » de Charlie Parker, « Satellite » de John Coltrane et « Solar » de Miles Davis s’inspirent des accords de « How High the Moon ».
Source: Wikipédia
Extraits de l'arrangement guitare du standard How high the moon
Note sur l’analyse
Ce thème est en tonalité de G : mais on trouve à la 5ème mesure Fmaj7 qu’on peut analyser bVII M7 (F#mi75b dont la fondamentale a été abaissée) et à la 9ème mesure on trouve Ebmaj7 qu’on peut analyser bVI M7.
Personnellement pour l’improvisation, je préfère analyser ce type de progression comme une modulation en trois tonalités successives, précédés chacune d’un IImi7 / V7 qui renforce cette impression de modulation.
La progression harmonique de« How high the moon » est exposée en 2 x 16 mesures avec des éléments d’harmonie empruntés aux cadences mineures. Elle est la copie conforme de celle du thème de Charlie Parker « Ornithology ». D’autres thèmes de jazz sont aussi très proches ou empruntent à cette progression. Qui a copié sur qui ?, peu importe, tout le monde copie tout le monde.
Mais pourquoi les jazzmen sont-ils attirés pour improviser sur ce genre de thème ? Sans doute à cause des modulations en trois tonalités qui donnent le sentiment de sortir de la tonalité initiale et favorise ainsi une utilisation plus large et riche de la palette sonore. (voir aussi Bluesette).
A propos de la mélodie
En observant l’écriture de ce thème, on s’aperçoit que les mesure de 9 à 13 sont reproduites en modulant à l’identique, c’est un procédé très courant dans ce style.
A propos de l’arrangement
Les notes de la mélodie, composées essentiellement de rondes, blanches et noires se prêtent bien pour une harmonisation à 4 voix en mode drop 2. Toutes les notes ne sont pas harmonisées, si c’était le cas, l’ensemble manquerait de respiration et de diversité sonore.
A propos des voicings
La plupart des accords sous la mélodie sont en 4 sons. Comme souvent à la guitare, la forme des accords
est en drop 2 et souvent en position fondamentale. Cette fondamentale étant comme son nom l’indique la note la plus basse donne au jeu de guitare d’être accompagné par un bassiste.
A propos de l’introduction
Elle commence avec 4 accords dominants en chromatisme descendant et se termine par un IImi7 / subV7/I
Cette introduction, qui n’est pas dans le thème original, est une progression d’accords classiques du genre.
Le 2ème accord de chaque mesure est un substitut dominant ce qui permet une descente chromatique des fondamentales, le tout étant harmonisé à rebours ce qui justifie que le 1er accord soit C#7 13b.
Extrait vidéo : How high the moon de Morgan Lewis - Arrangement Jean Geeraerts
Partition : How high the moon de Morgan Lewis - Arrangement Jean Geeraerts
Extraits du solo guitare du standard How high the moon
Note : Ce solo, comme tous les autres, est d’abord une d’étude qui met en exergue et bout à bout des phrases qui illustrent des notions utiles à l’improvisation. Son but est de familiariser le cerveau et l’oreille avec une ré-harmonisation qui « transgresse » de manière parfois très « out » la progression originale. Dans le jeu live, on met rarement autant de concepts en jeux (sauf quand on s’appelle Michael Brecker ! entre autres) mais il s’agit bien là d’une étude.
Parti pris
Sauf mesure 15 et 16, les notes situées sur le 1er temps sont soit les 3ce ou 7ème, c’est ce qu’on appelle communément le « fil d’Ariane » (notes grisées). Dans ces deux mesures 15 et 16, on trouve une ré-harmonisation en mode mineur. Bmi7 puis Dmi7 situé une tierce mineur au dessus (processus d’empilement) ce qui altère E7 en E7 9b 13b – Ami7 devient Cmi7 (proche de Ami75b) et D7 remplacé par Cmi7 comme le IVmi7 en Sol majeur. Notez que pour créer un mouvement chromatique descendant, Bmi7 peut être remplacé par Ebmi7. Les mesures 19 et 20 exposent la formule de ré-harmonisation suivante : La mesure de Gmi7 est partagée en deux temps pour Gmi7 et deux temps pour C7 ce qui permet en mesure 20 de ré-harmoniser C7 par son substitut dominant précédé de son relatif mineur Dbmi7.
Quand il y a 2 mesures pour les accords de 7ème majeure, on peut ré-harmoniser la 2ème mesure comme s’il s’agissait d’une cadence mineure « mode naturel » par exemple la mesure 2 est traitée avec Ami7 / D7 qui résout vers Gmi7
Un autre concept proposé est de jouer un demi-ton au dessus, soit Ab min7 / Db7 qui va résoudre lui aussi par demi-ton vers G min7 / C7
Cette 2ème proposition est plus tendue que la première. Pour la rendre plus « acceptable » à l’oreille on peut la jouer sur un temps plus court, en triolet ou double-croches :
Autre technique
Il existe deux accords mineurs qui résolvent bien sur l’accord Ionien. Ex : pour résoudre de C7 vers F7maj, on passe d’abord par le IVmi avec ou sans 7ème, soit Fmin, Fmi7. Fmi7M ou Fmi6. On passe ainsi par l’accord mineur qui partage la même fondamentale que celui vers lequel on va.
Mesure 23 et 24. Voici une reproduction transposée d’un plan blues (volume IV le blues)
Les accords dominants d’origines sont remplacés sur le 1er temps par leur mineur relatif de substitution et sur le 3ème temps par ce même accord mais une tierce mineure au dessus (encore le phénomène d’empilement des intervalles).
Le solo se termine par une double cadence Anatole dans le style bebop.
Concernant le rythme de la mélodie, il s’appuie souvent sur des modèles répétés, ex : mes.9 est identique à mes.7
Concernant les doigtés : Certains doigtés peuvent paraître « incongrus ». C’est intentionnel car il est important d’habituer nos doigts à une certaine agilité, de les utiliser de manière non conventionnelle, afin qu’il s’adaptent et se préparent ainsi à faire face à n’importe quelle situation.