There will never be another you – Warren & Gorden

A propos de l’harmonisation
En observant l’écriture mélodique de ce thème on s’aperçoit qu’il est presque exclusivement exposé avec des noires, quelques rondes et blanches. Ce type d’écriture ainsi que le tempo assez rapide suggère d’emblée une méthode spécifique pour l’harmonisation de la mélodie. En conséquence, on va plutôt harmoniser avec des voicings qui techniquement favorisent la fluidité et la continuité des doigtés. Bien évidement, lors du jeu, on peut interpréter le rythme mélodique sans respecter à la lettre l’écriture rythmique d’origine.

A propos de l’arrangement
Observez dans la mesure 7 « un habillage mélodique »  dans l’esprit de ce qui précède pour compenser le vide sur les 2 mesures Dmi75b et G7.

A propos de la mélodie
Comme Bluesette, elle est composée dans un esprit de grande simplicité rythmique et en employant presque exclusivement des notes de la tonalité de Eb (à part 2 notes en grisé). Les notes se succèdent le plus souvent en mode continu.

A propos de la concordance des accords chiffrés et celle en notes. Certains accords ont été modifiés.
Exemple en mesure 7, Dmi75b devient D79#. Les accords sont notés en fonction du contenu réel des tensions exposées dans le voicing, sauf quand est noté un accord de substitution (mes. 13 Ab7maj est noté Fmi7) D’autres accords en 3 sons comme Eb69 en mesure 15 n’exposent que l’essentiel sous la mélodie soit la 6te et 9ème, d’autres encore sont notés avec une 7ème (maj. ou min. ) sans qu’elle soit présente dans le voicing, par exemple le Eb7maj en mesure 6.

A propos de l’harmonie
Notons un intéressant mouvement d’accords chromatiques en mesure 25 et 26. Dans la tonalité, D7 est à l’origine Dmi75b modifié en secondaire dominant (V7/III). En mesure 26, Db7 remplace G7 comme substitut dominant, donc analysé sub V7/VI, mais en mesure 14 et 22, Db7 est analysé bVII7 car à l’origine il vient de Dmi75b dont on a abaissé la fondamentale.

Parti pris pour la composition du solo
Pour chacune des 4 mesures de l’introduction, le solo commence avec la 3ce et la 7ème des accords. Pour la suite, la première note de chaque mesure du solo est celle de la fondamentale de l’accord, en syncope ou sur le 1er temps. C’est une idée profitable pour « fixer une base » de développement du solo. C’est aussi un type de « fil d’Ariane ».

A propos de l’introduction, observez que les notes sous l’accord Ami75b et celles sous Db7 sont empruntées respectivement à Eb7majeur et Db7majeur.

Les accords dominants sont développés soit avec le mode Lydien 7b, soit avec le mode demi-ton ton soit avec le mode par ton, parfois en arpège brisé, mesure 17 et 28.

Dans les mesures 5 et 6 c’est un modèle ( pattern ) qui ouvre le bal. Le premier tétracorde, constitué d’un intervalle de 4rte ascendante puis d’une triade descendante, est reproduit en 4rte descendante (notes grisées).

Certains passages sont très « out » mais résolvent toujours, par exemple mesures 17 et 18 et 22 à 25

A propos d’astuces de doigtés
Grâce au travail des automatismes, les doigts apprennent petit à petit à anticiper le jeu. Les automatismes se préparent avec l’oreille qui entend « par avance » ce que vous décidez de jouer. Un exemple, mesure 12 où l’oreille entend en avance ce qu’on veux jouer dans le deuxième tétracorde soit Si et Ré# . Pour jouer ces deux notes, le doigté anticipe ce passage avec le doigt No 4 en horizontal.

Dans les solos étude de ce volume V, il y a peu ou pas d’indication de dynamique et d’articulation, car c’est au musicien de choisir d’appuyer ou pas les notes qu’il estime devoir souligner. Si tout est noté, dynamiques, articulations, glissandos, appogiatures, expressivité etc. alors, cela devient une composition classique dans laquelle le musicien n’a plus aucune latitude pour jouer dans « son style ». Cependant mesure 30 par exemple, la note Sol est surmontée d’un accent. C’est une indication exceptionnelle pour signifier que ce type de tension sur un temps fort, en l’occurrence la 11ème dièse, mérite dans ce contexte d’être soulignée.

A propos de la notation des accords
Ils reflètent l’harmonie originelle. Sauf exception, il n’y a pas de tension indiquée dans ces accords car en improvisation, les tensions, diatoniques ou non, font l’objet d’un choix personnel au moment de l’improvisation.

Toujours à propos de notation, c’est généralement l’accord de substitution qui prend le pas enharmonique sur l’accord d’origine. Exemple mesure 12, ce sont les altérations de A7 qui prennent le pas sur Eb7. Dans cette mesure observez aussi les 3 intervalles de 4rte successifs (notes grisées), idem en mesure 18. On improvise avec le matériel, les sonorités, les couleurs, les concepts etc. qu’on a préalablement pratiqués. Dans le « feu de l’action » c’est le « feeling » qui fait les choix de la conduite du solo et de son contenu.