Album Rêves d'amour et de mer de Jean "Jérès" Geeraerts

Les chansons françaises et jazz au piano-bar

J’avais 46 ans en 1999. A cette époque j’étais employé comme musicien chanteur au piano-bar de la thalassothérapie de Pornic. J’étais chanceux d’avoir trouvé ce job relativement bien payé. Avec une fille à élever, mieux valait un tiens que deux tu l’auras, mieux valait assurer la pitance que de désormais tirer des plans sur la comète.

Au piano bar, la formule en solo guitare/chant était la plus expressive pour donner un spectacle satisfaisant à une clientèle particulière. Chansons françaises et jazz constituaient donc le répertoire. A force de chanter les chansons des autres, je me suis dit que ça vaudrait le coup d’essayer de créer quelque chose à soi, en sachant qu’il n’y avait pas d’illusion à se faire pour trouver un producteur. Je l’ai fait pour moi et pour mon entourage et nous l’avons enregistré dans mon studio, Le Moulin Musical et produit en partie par Jean-Paul Atouil. Celle que je trouve la plus aboutie est Poème de Jade.

Article de presse sur l'album Rêves d'amour et de mer de Jean Geeraerts
Article de presse sur l’album Rêves d’amour et de mer

Écrire et chanter ses propres chansons

Comme je vivais en bord de mer, le sujet central de l’album était tout trouvé. La création des musiques n’était pas un problème en soi, le plus difficile a été d’enfiler un costume d’auteur et ça ne s’improvise pas ! Dix ans plus tôt j’avais tenté une première expérience d’écriture de chansons avec la création « Un coté rock, un coté afro » à écouter sur le site, mais je manquais de convictions artistiques et de soutien pour faire aboutir le projet. En 1994 je récidive avec l’album CLOP qui rencontre un petit succès à la suite d’une émission chez Mireille Dumas « J’ai toujours voulu être un artiste ». Dans cet album CLOP, la chanson que je trouve la plus réussie est RELAX avec Francis Bourrec au saxophone.

En 1995, je me suis plongé dans les techniques d’écriture de textes et me suis vite rendu compte à quel point ce travail, pour tenir la route, nécessitait un savoir faire précis et une culture de la poésie. J’ai lu tout Brassens et chanté la plupart de ses chansons. A l’étude aussi, tous les grands de l’époque, Brel, Ferré, Nougaro, Gainsbourg, Trenet etc.
Avec le recul, je suis loin d’être satisfait mais je trouve que certains des textes des albums CLOP et Rêves d’amour et de mer reflètent plutôt bien les sentiments que je souhaitais exprimer.

Pour réaliser Rêves d’amour et de mer, je me suis associé au pianiste Christophe Plissoneau qui était accoutumé aux orchestrations et arrangements de chansons.
J’ai ajouté deux titres extras à l’album qui me paraissaient être en harmonie avec le reste : La Marine de Georges Brassens et Chanson sur le sable de Françis Blanche et J.Hess.

Jazz et chanson

A l’époque la plupart des musiciens, surtout les « jazzeux Nantais » se sont gentiment moqué de moi car ils ne comprenaient pas que venant du jazz, « je m’abaisse » à écrire et chanter des chansons » ! 20 ans plus tard, tout festival de jazz d’envergure internationale se félicite de programmer des chanteurs.

Poème de Jade

Amis, venez voir, l’aube marine de l’Ouest.
Comme par enchantement
la fleur de l’aube s’illumine
et ressuscite la lumière de Jade
on se réveille avec les désirs
assoiffés de vie et de beauté
on se laisse prendre
dans les Retz de ce pays

Mon cœur d’enfant t’en souviens-tu ?
la première fois que tu l’as vue:
Soleil et mer, l’éternité.

De l’onde frôlée par le vent
comme soudain l’amour sur la peau
J’ai frémi de toutes mes vagues.

Comme hier comme toujours s’agitent
dans nos mémoires les flots blancs
comme à la fête les rubans
des fiancés.

Mes mains recueillent l’écume volante
des gouttes de bonheur salé
dispersées en pluie pétillante.
Comme des embruns iodés à l’excès.
Comme les mots d’un poème de Jade.
Comme des « je t’aime » aux quatre vents.

Nous voici aux sources de la vie.
Bains bouillonnants de bulles toniques
y a pas de mal à s’faire du bien.

Je passe de longues journées près d’elle
goûter ses beautés naturelles
et soigner les blessures du temps.

Le long du sentier des douaniers
sur ce balcon de l’Atlantique
le bruit du monde enfin expire
un ange passe…

Dans la ville, quand la mer est loin
la nostalgie gagne le large
le chant d’un coquillage m’emporte
Comme un grand orchestre de vagues.
Comme le soupir des dieux antiques.
Comme des « je t’aime » aux quatre vents.

Un désir d’évasion s’empare
des bateaux qui s’en vont nulle part
labourer la plaine de brume.

Entre ciel et mer, entre nous
y a une histoire d’eau et d’amour
y aura toujours un rendez-vous.

En équilibre sur l’horizon
le jour clôt ses volets sans bruit
la brise souffle les lumières.
Bonjour la lune…

Les soirs d’été, la voûte céleste
dresse pour nos rêves son théâtre
d’étoiles et d’infini scintillant.
Comme le sable d’une plage lointaine.
Comme autant de notes de guitares.
Et moi je t’aime aux quatre vent.
Amis, venez voir, c’est simplement beau
Je rêve…

Jean Geeraerts 99