Album Un côté Rock un côté Afro - Jean Geeraerts

Album enregistré en 1991 avec les moyens du bord, dans un studio amateur de Nantes, avec les musiciens : Youen Landreau basse, Stéphan Hugli claviers, Isabelle Fievet piano chant, Hugues Bénichou batterie, Bertrand Ripoche Percu et Joel Herissé au saxophone.

Un album contestataire

C’est un album concept avec des aspects contestataires et anti guerre du golfe (Mambo zoulou et Si tous les enfants du monde). En partie enregistré avec les musiciens et en partie avec MAO. C’était l’époque des premiers ordinateurs qui permettaient de créer une partie de la musique. Avec le recul je suis effrayé de la mocheté de certains sons mais c’était tout ce qu’on avait dans le catalogue des sons numériques.

En compétition avec le groupe Elmer Food beat

L’écriture de cet album était un défi que je m’étais lancé, juste pour voir si j’étais capable de me remettre en question, de me mettre dans la peau d’un compositeur de variété alors que tous les matins je travaillais Wes Montgomery et Joe Pass. J’avais aussi envie de parodier le milieu du rock Nantais et plus particulièrement le groupe Elmer food beat avec qui nous avons été en compétition lors d’un tremplin à Rezé à la Barakason.

C’était joué d’avance, Elmer avait déjà une sacré cote de popularité et on ne faisait pas le poids médiatique.
J’avais aussi envie de jouer le guitare héro ( Elle se souvient- Fait pour t’aimer – Le matelot ) et à cette époque j’étais très impressionné par les productions de Bernard Lavilliers. Ma voix était assez proche de la sienne surtout dans Mambo zoulou. Quand j’ai envoyé la démo à quelques labels il m’a été répondu que la place était prise par Bernard…

Pour un temps, quitter le jazz

Le plus rock des 9 titres est sans doute Le matelot, sorte de pamphlet sur l’existence d’un dieu improbable.
Le plus afro mais aussi celui que je préfère et le plus réussit pour moi est Mambo zoulou, un portrait de Nelson Mandela alors emprisonné au Cap ainsi que Si tous les enfants du monde où l’on peut entendre l’influence de Pat Metheny dans le solo de guitare, Pat dont je suis toujours un grand fan et que j’ai eu la chance de voir plusieurs fois en concert à Boston.

Aujourd’hui j’écoute cet album avec une certaine tendresse même si certains aspects ont beaucoup vieilli. Les textes ne sont pas franchement intéressants, un peu macho, un peu néo romantique à la noix, limite niais, mais dans les compositions, il y a tout de même des moments intéressants. Peu importe, musicien de jazz, j’avais pour un temps besoin de passer à autre chose, de me confronter à un tout autre style de musique et cela m’a fait beaucoup de bien.

Un album témoin de l’activité artistique nantaise de l’époque

On a donné pas mal de concerts avec ce groupe dans la région Bretagne, ça marchait bien, le public adorait mais comme d’habitude, sans soutien logistique et administratif, ça ne pouvait que capoter.

L’album n’a jamais été édité car il n’a pas trouvé les grâces d’un label. Encore un coup d’épée dans l’eau, beaucoup de travail collectif et beaucoup d’énergie pour pas grand chose si ce n’est le témoignage d’une activité artistique nantaise, à l’époque en pleine ébullition