Album "Clop" de Jean Jérès

Cet album de 12 titres a été enregistré au Studio Nantais ARPÈGES en 1994 avec 11 musiciens :

  • Saxophones : Francis Bourrec
  • Basses : Sylvain La France
  • Batterie : Paolo Moleda
  • Batterie (Clop) : René Beranger
  • Percussions brésiliennes : Paolo Moleda
  • Latin percussions : Olivier Congard (Doudou)
  • Bandonéon (Sans amour) : Gérard Le Cam
  • Guitare acc. / élect. : Jean Geeraerts
  • Choeurs : Celia Duval
  • Piano / violons : Isabelle Fievet

Vous avez remarqué que l’auteur n’est pas Jean Geeraerts mais Jean Jérès. J’ai par là voulu faire une distinction entre le musicien de jazz et le compositeur interprète de chansons. Phonétiquement ce n’est pas très éloigné et pour faire carrière dans la chanson populaire, mieux vaut un nom simple à prononcer comme Halliday ou Sacha Distel.

Pour la petite histoire de CLOP…

J’avais rencontré l’amour de ma vie mais la dame ne supportait pas l’odeur du tabac. Aussi, confronté à ce dilemme, il fallut faire un choix. La Clop était devenue l’ennemie d’un bonheur possible, en conséquence je décidais de mettre fin à cette addiction. D’un coté, ce fut une expérience riche mais douloureuse et éprouvante car pour un compositeur, tous les créateurs fumeurs le savent, la Clop est une soupape, et s’en priver est ressenti comme une entrave à la création. D’un autre coté, cela me permit de travailler l’écriture du texte en connaissance de cause, sous différents aspects jusque là insoupçonnés.

Des textes inspirés par la vie

Voici donc l’ambiance et l’environnement qui explique en partie la conception de cet album. En partie seulement, car il faut ajouter que la dame, sentant que je ne ferai sans doute pas une carrière mirobolante, à fini par me quitter. C’est ce qui m’a aussi inspiré pour certains des autres textes, notamment, Rêves de fesses ou La fille de paradis (pamphlet sur la pub).

D’un point de vue du texte, les chansons Clop et Relax sont pour moi les 2 titres les plus aboutis de l’album. D’un point de vue émotionnel c’est le titre Cécile blues. Ce texte raconte la difficulté d’un père et de son tout jeune enfant à se séparer et se retrouver toutes les deux semaines. Il y avait aussi un hommage à Claude Nougaro pour sa chanson Cécile, ma fille.

Relax est une sorte de rapp jazzy, dont le texte évoque déjà les mêmes problèmes d’aujourd’hui, à savoir, la concentration des richesses entre les mains d’un tout petit nombre…et ça finira par « péter »

Dans cet espace, vous pouvez écouter une deuxième version de Clop T.I. plutôt jazzy et de Parti T.I. ( album « Talents Inédits » enregistré en live avec entre autres musiciens Francis Bourrec au sax ténor et Olivier Rousseau au piano). A écouter aussi : les versions de Clop et Parti en big band dans l’espace des vidéos de Transitzone 2006, concert à Capellia.

Édition, production, distribution : la logique commerciale des maisons de disque

Au vu des tout petits moyens dont je disposais en 1994, produire un tel album m’avait coûté très cher. Qu’à cela ne tienne, j’étais persuadé de trouver une maison de disque pour cet album. Ha quels grands naïfs nous sommes et quel gâchis. J’ai envoyé une maquette à je ne sais combien de labels et je n’ai pas eu le droit à la moindre réponse de leur part. Normal quand on sait qu’ils reçoivent des centaines de démos par jour et qu’il n’est pas « productif » de payer des directeurs artistiques pour écouter ce flot de création. Un jour, un producteur m’a dit, « viens voir dehors, et regarde les palettes de cassettes et que nous recevons tous les mois… »
Leur point de vue est uniquement une logique commerciale, ce sont juste des entreprises, (ce qui n’a pas été toujours le cas). Ils ont droit de vie et de mort sur la création. Comme ce sont eux qui « possèdent, contrôlent et gèrent » le réseau, les médias, l’exposition et les surfaces de vente, ils produisent sans trop de risque des artistes qui ont déjà un potentiel commercial. Dans ce métier il n’y a plus d’ascenseur social. Il y a en revanche des tombereaux de laideur, de chansons sans goût, sans âme, sans originalité. Mais parfois il y a tout de même des choses formidables comme dans le premier album de Christine and the Queens.

Paroles du titre « La clope »

Hum, c’est bon

Cette gitane si bien roulée
par les deux bouts se laisse brûler
son odeur perverse me captive
autour de moi elle rôde lascive
sorcière dans mon corps qu’elle envoûte
elle boit ma santé goutte à goutte

Belle gauloise exquise et sournoise
dans ma bouche doucement m’apprivoise
tel un vampire elle aspire
les soupirs que j’expire du pire
pyromaniaque elle me traque
et si j’ la plaque elle me détraque

REFRAIN
Clope, Salope, tu tues, tu m’as eu, tu me tiens Clope, la Salope,
et j’ te pompe, et tu m’ crames,
et tu m’ crames et j’ te pompe
Clope, Salope, tu tues, tu m’as eu,
mais j’ taurai

Cette brune consomme mes travers
consume mon air et mes nerfs
elle me prends tout, mon fric, mes heures
ma santé et ma bonne humeur
elle me mène par le bout du nez
et j’en suis l’ premier étonné

Elle va et elle vient, cette Goldo
j’ lai dans la peau comm’ un écho
tel le péché originel
du fond d’ mon corps elle me rappelle
j’ veux résister mais quel supplice
vaincu je glisse vers ses délices

REFRAIN

Cette blonde en moi me caresse
et m’inonde de chaleur humide
sous ma langue je lui suce la bride
en une légère moue de paresse
elle m’embrasse la gorge dangereusement
m’enlace, me mords et m’y attend

Douce, amère, vapeur délétère
qui m’enivre de ces chimères
tu traverses ma dépendance
et y verses poisons et semences
en volutes gras et pénétrants
dans mon sang je t’espère et t’attend

Mais un clair matin viendra
Où l’air pur, ce trésor
En moi réveillera
Le goût des fraîches aurores
Alors,
J’me lèverai sans entraves
Je n’ serai plus jamais ton esclave.

REFRAIN

Cette « maïs » lubrique s’immisce
dans l’orifice comm’ du vice
bonne et chaude goulée suprême
qui s’enfonce dans mon extrême
sauvage appendice, défonce -moi !
je me soumets, je suis à toi

Plaisir qui plonge dans ma chair
et prolonge le sens de mes songes
les encense chaque fois que j’ libère
ce désir qui s’allonge et me ronge
ma conscience est alors voilée
d’un avant goût d’éternité

Jean Geeraerts